L'actualité du cacao

22 janvier 2025

Jacques Barreau, Directeur général de Grain de Sail et co-fondateur

Et si c'était la fin des bas prix pour le café et le chocolat ?

Depuis quelques mois, la flambée des prix du café et du cacao est un sujet largement médiatisé, et les hausses dans les rayons des magasins ne passent plus inaperçues. Mais pourquoi ces produits, longtemps accessibles à bas coût, deviennent-ils si chers ?

La principale cause de cette augmentation fulgurante est sans conteste le changement climatique, qui bouleverse les conditions de culture de ces denrées.

Les événements météorologiques extrêmes et imprévisibles sont désormais la norme. Ces perturbations impactent directement les rendements des producteurs de cacao et de café en Amérique latine, en Afrique et en Asie. Les chiffres sont éloquents : en un an, le prix du cacao est passé de moins de 3 000 dollars à plus de 10 000 dollars la tonne. Le café suit une trajectoire similaire avec un doublement des cours en quelques mois seulement.

Résultat : des pertes de rendement allant jusqu’à 25 % dans certains pays, alors même que la demande reste forte. Cette double pression sur l’offre et la demande contribue à faire grimper les prix et à accroître leur volatilité.

Chez Grain de Sail, fabricant de chocolats et torréfacteur engagé, cette situation se traduit par une hausse inévitable des coûts de production. Nous avons réduit nos marges pour limiter l’impact sur nos clients, mais la réalité économique s’impose : l’ère du café et du chocolat à bas coût est derrière nous. Par ailleurs, de nombreux producteurs se détournent des filières certifiées bio, jugées trop contraignantes et moins rentables face à des cours élevés, ce qui complique davantage nos approvisionnements en matières premières responsables et impactant le transport à la voile malgré la capacité d’emport sur nos voiliers cargos.

Malgré tout, Grain de Sail reste fidèle à ses valeurs. Nous continuerons de proposer des produits de haute qualité issus de filières responsables, même si cela implique des prix plus élevés. Face à cette crise, nous plaidons pour une consommation raisonnée et qualitative : privilégier le « consommer moins mais mieux ». Ce choix, à contre-courant des pratiques de certains grands groupes, reflète notre engagement pour une production durable et respectueuse.

Nous espérons que professionnels et consommateurs nous soutiendront dans cette démarche en faisant le choix de la qualité et de l’impact positif.

les défis de la hausse du cacao

22 mai 2024.

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Grain de Sail comme l’ensemble de la filière cacao et chocolat aujourd’hui, fait face à d'importants défis sur le marché du cacao, dont la hausse rapide et substantielle des cours du cacao, qui ont pour la première fois dépassés les 10 000 $ la tonne en avril 2024.

En effet cette hausse est multifactorielle et a des implications mondiales sur la disponibilité et les prix du cacao, affectant industriels, chocolatiers et de facto consommateurs 

    • Une demande supérieure à l’offre.

    Effectivement depuis plusieurs années il y a un déficit de récolte au Ghana et en Côte d’Ivoire (représentant 60% de la production mondiale) ou la course au « toujours plus » de cacao a affecté les sols et les plantations

    • Une forte spéculation financière des acteurs du secteur mais également d’acteurs purement financiers
    • Les prix étant très élevés les acteurs du secteur ont besoins de liquidités pour acheter, ils doivent donc emprunter alors que les taux d’intérêt sont élevés. Cela engendre un effet boule de neige qui maintient des cours haussiers

    Ce scénario risque d'entraîner des pénuries de cacao pouvant impacter sévèrement l'industrie du chocolat au global. Les fèves et les produits dérivés comme la masse et le beurre de cacao sont touchés, ce dernier étant particulièrement impacté en raison de son processus de production plus complexe, son prix atteignant désormais 35 000 $ ou plus la tonne contre historiquement moins de 6 000 $.

    Le monde du BIO est d’autant plus touché car en Amérique Latine les producteurs sont rémunérés aux prix de marché, l’effort consenti pour produire le BIO n’est donc plus essentiel pour avoir un revenu confortable.

    Malgré ces défis, Grain de Sail ne souhaite ni abaisser la qualité des produits ni réduire les dimensions de nos produits. Mais au vu de la complexité d’approvisionnement, des variations de goût pourront survenir en raison de changements d’origine de certaines matières premières.

    L'engagement envers les matières premières biologiques reste inébranlable mais nous devons accepter d’acheter les matières premières disponibles dans les conditions actuelles. Malheureusement, pour assurer la pérennité de l'entreprise, une augmentation du prix de nos chocolats est devenue inévitable et nécessaire.

    Grain de Sail va tenter d’informer et sensibiliser les consommateurs à la situation actuelle, prônant une approche de consommation réfléchie — mettant l'accent sur la qualité du chocolat plutôt que sur la quantité. Fondamentalement, consommer moins et consommer mieux.

     

    Cette stratégie reflète le dévouement de Grain de Sail à nos valeurs et notre effort pour naviguer au mieux dans les eaux troubles de cette crise sans pour autant renoncer à notre engagement envers la qualité et la durabilité.

    comprendre la fluctuation du prix du cacao

    14 Avril 2024.

    Partout en ce moment, on parle de cet or brun et pour de bonnes raisons puisqu'entre le mois de novembre 2023 jusqu'à avril 2024,

    le cours a été multiplié par 3 !
    Chez Grain de Sail, notre activité de chocolatier est directement concernée.

    le cours du cacao

    Sources : https://www.boursorama.com/bourse/matieres-premieres/cours/_CJ/

    Depuis des années, Grain de Sail a adopté une stratégie de primes et d’ajustement du prix d’achat du cacao pour proposer un salaire plus digne à nos producteurs en République Dominicaine et au Pérou car les cours du cacao étaient historiquement trop bas. Sans tomber dans l’excès spéculatif du moment, l’augmentation du cacao n’est pas une si mauvaise chose, en permettant une meilleure rémunération des producteurs. Evidemment l’augmentation devra se reporter sur les prix de vente de nos chocolats … pas vraiment le choix.

    Au-delà, nous percevons aujourd’hui des signaux clairs qui démontrent que la belle mécanique environnementale planétaire est en train de s’enrayer. Devons nous en être étonnés ? Pas vraiment …

    Cela fait quelques décennies que notre volonté farouche de croissance du PIB (indice mis au point à la sortie de la crise de 1929) s’est logiquement traduite par une décroissance environnementale majeure.

    Tiens tiens … la planète terre aurait donc aussi des limites ?

    Cette décroissance est même devenue très palpable : le changement climatique d’un côté (des phénomènes météo plus fréquents et plus extrêmes ... jusqu’à la crise du cacao) et de l’autre, la chute brutale de biodiversité qui s’illustre notamment par l’absence d’insectes sur nos parebrises en été alors que dans les années 80 on risquait clairement l’accident sans nettoyage toutes les 2h.

    La crise du cacao est due principalement à des mauvaises récoltes successives en Côte d’Ivoire et au Ghana qui représentent à eux seuls plus de 2/3 de la production mondiale. Ces mauvaises récoltes (diminution de 15% des volumes récoltés) s’expliquent par des aléas climatiques (sécheresses suivies d’inondations entraînant des dégâts et des maladies sur les cultures) mais aussi et surtout par des pratiques peu durables, telles que :

    1

    Agriculture intensive de cacaoyers (en monoculture)

    2

    Utilisation des pesticides qui détruisent la biodiversité et les sols et à terme diminuent les rendements

    3

    Non renouvellement de cacaoyers vieillissants (qui finissent par produire moins).

    Evidemment, nos comportements de consommateurs ne font qu’encourager ces méthodes puisque notre appétit pour le chocolat peu cher et de basse qualité ne fait qu’augmenter (plus de 20% de croissance de consommation en 5 ans).

    Nous en voulons toujours plus pour toujours moins … 

    alors même que nous faisons face à une potentielle pénurie de cacao.

    Mais alors, que peut-on faire pour corriger nos excès ?

    Revenons aux fondamentaux :

    Relocaliser tout ce qui est relocalisable

    Favoriser les circuits courts

    Produire moins mais mieux

    Les voiliers cargo Grain de Sail par exemple quand le transport reste nécessaire

    Transporter moins et transporter mieux

    Des produits à longue durée de vie, réparables, recyclables et des aliments BIO qui favorisent la biodiversité et la santé humaine

    Et pour les consommateurs que nous sommes tous :

    CONSOMMER MOINS, CONSOMMER MIEUX 

    En clair, devenir plus sélectifs dans nos achats en privilégiant la qualité à la quantité.

    Et si la crise du cacao représentait en fait une opportunité ?

    Ne pourrait on pas imaginer une économie plus qualitative ou le plaisir n’est plus systématiquement attaché au « toujours plus » ? 

    Face à ce raisonnement, la rémunération minimum devient vite un sujet.

    Une personne qui au 20 du mois ne sait plus comment se nourrir ou s’abriter correctement n’en a évidemment rien à faire des sujets environnementaux ou des achats qualitatifs forcément plus couteux (voir la pyramide de Maslow). 

    Pyramide de Maslow

    L’accès aux produits de qualité doit devenir possible pour tous via une meilleure équité sociale … mais à condition de devenir plus raisonnable sur les quantités … sinon le portefeuille ne suit pas et la planète trinque.

    L'opportunité est là ! À nous de la saisir ! 

    4 avril 2024

    Jacques Barreau, Directeur général de Grain de Sail